Avalanche de licenciements est-elle à craindre après les élections ?

Posté le 27 février 2012 | Dernière mise à jour le 29 avril 2020

Avalanche de licenciements est-elle à craindre après les élections ?

 

Les entreprises subissent-elles des pressions gouvernementales pour retarder les licenciements à l’après présidentielle, comme l’affirment des syndicalistes ? Si la tendance est certaine, seules les grandes structures peuvent se permettre ce délai, selon des économistes.

Se faisant l’écho de nombreux représentants syndicaux, le n°1 de la CFDT, François Chérèque, a évoqué mardi des «coups de fils» passés par le ministère du Travail.

«Des chefs d’entreprise et DRH me disent que toutes les semaines, le ministère leur téléphone» pour «leur dire qu’ils reportent à plus tard» leurs plans «s’ils avaient des intentions de licencier», a-t-il affirmé.

S’il n’a pas révélé de noms, il a néanmoins rappelé qu’en novembre, après des annonces de suppressions d’emplois à venir, le patron d’Areva, Luc Oursel, «a été convoqué chez le ministre», et le patron de PSA, Philippe Varin, «chez le président».

Marine Le Pen a jeudi porté les mêmes accusations contre l’Elysée, fustigeant le «cynisme inouï» d’une démarche «assez déshonorante pour ceux qui commettent de tels actes à l’égard des salariés et des ouvriers».

Difficiles à quantifier et à prouver, ces freins aux licenciements, destinés à ne pas parasiter la campagne, existent bel et bien, selon des économistes.

«On n’a jamais eu autant de précipitation et de tentatives de règlement qu’en cette période, on essaie de calmer le jeu, de récupérer médiatiquement Lejaby ou autres», souligne Françoise Geng, économiste au Cese.

Alors que selon le ministre du Travail, Xavier Bertrand, il n’est «pas possible de retarder» des licenciements s’ils sont «inéluctables», Mme Geng pense au contraire que pour «les entreprises qui n’ont pas le couteau sous la gorge, c’est faisable».

AFP

«A partir du moment où les entreprises ne licencient pas parce qu’elles sont économiquement en danger mais simplement au nom d’une rentabilité plus accrue, rien ne les empêche de retarder leurs plans de quelques mois», fait-elle valoir.

Selon Marion Cochard, de l’OFCE, il existe effectivement «un coup de pouce des pouvoirs publics» pour «un certain nombre de grandes entreprises» pour lesquelles «il ne se passera probablement pas grand chose avant les présidentielles», comme à l’"usine symbole» d’Arcelormittal, à Florange.

Qu’il s’agisse des fabricants français de panneaux solaires Photowatt et de lingerie Lejaby, ou de la compagnie de ferries SeaFrance, le gouvernement s’est porté ces dernières semaines au chevet d’entreprises à l’agonie, avec plus ou moins de succès.

«On finit par trouver des plans de sauvetage de six mois», dit-elle en référence à la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, «mais on voit bien qu’il y aura des destructions d’emplois dans six mois».

Cependant, «ce n’est pas significatif», et «beaucoup de petites entreprises ne pourront pas attendre six mois», ni «être sauvées une par une».

«Il y a eu des destructions d’emploi au 4e trimestre, et cela va se prolonger», prédit-elle. L’économie française a, pour la première fois depuis fin 2009, détruit près de 32.000 emplois salariés au 4e trimestre 2011, l’emploi salarié dans l’industrie essuyant une baisse trimestrielle de 0,2%.

«On est encore dans la crise débutée en 2008, et les entreprises industrielles ont des marges très dégradées aujourd’hui. Elles amortissent comme elles peuvent, en prenant sur leurs profits, en détruisant les emplois d’intérim et CDD. Si le ralentissement est durable, c’est beaucoup plus compliqué de retarder les licenciements», dit Mme Cochard.

«Ce qui est clair, c’est que le pire va arriver au 2e semestre en terme de licenciements et de plans sociaux, on nous l’a très fortement indiqué dans le cadre de nos travaux et de nos auditions», affirme Mme Geng.

source : dna.fr

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