Stress au travail : attention aux formations "comportementales"

Posté le 19 décembre 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

Coaching, sophrologie, réflexologie… Des prestations de formation qui promettent d'assurer bien-être et gestion du stress au travail, et sont tentantes pour les entreprises qui veulent prévenir les risques psychosociaux. Mais nombre d'entre elles dissimulent des dérives, parfois sectaires.

"La prévention des RPS (risques psychosociaux) réclamée par les partenaires sociaux a favorisé la multiplication de sessions de formation professionnelle continue visant à limiter ces risques au sein des entreprises", explique le responsable du service régional du contrôle de la formation professionnelle de la Direccte Midi-Pyrénées. Mais cela a aussi favorisé l'émergence de formations dites "comportementales", où le risque de dérives est avéré. Aujourd'hui, selon la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), 20 % des formations proposées aux entreprises relèveraient du "développement personnel" : gestion du stress, le renforcement de la confiance en soi, travail sur motivation du personnel ou la prise en charge des troubles psychosociaux…

Savoir déceler les dérives

Les formations comportementales représentent "une cible privilégiée pour les mouvements à caractère sectaire à la recherche de nouvelles ressources financières ou à la conquête de parts d'influence dans les entreprises", alerte la Midiluves. Les messages véhiculés par les organismes en question peuvent avoir différents effets cumulables : déstabilisation mentale, rupture avec l'environnement d'origine, atteinte à l'intégrité physique… Bien que le phénomène soit rare, il arrive que ces formations entraînent des problèmes de désorganisation au sein de l'entreprise. Pour faire face à de telles situations, la mission interministérielle a publié en 2012 un guide qui vise à aider l'ensemble des acteurs du secteur à repérer et agir contre ces problématiques.

Prestations comportementales : 20% des candidatures

Les Direccte ont aussi été saisies du problème : les services régionaux de contrôle assurent le respect de la réglementation et du bon usage des fonds de la formation professionnelle, et doivent donc contrôler la fiabilité des organismes de formation. Pour devenir organisme de formation, les candidats prolifèrent. "En Midi-Pyrénées, toutes spécialités confondues, 822 demandes d'enregistrement ont été reçues en 2012. Une augmentation de 4,2 % par rapport à 2011 et de 20,8 % en comparaison à 2010. Nous avons écarté 162 organismes de formation : 20 % concernaient des prestations comportementales. Un chiffre qui croît d'années en années", souligne le service de contrôle Midi-Pyrénées. Entre 2010 et 2011, la Direccte Midi-Pyrénées a proscrit du cadre de la formation professionnelle, un tiers des organismes contrôlés relevant de la santé, du bien-être et du développement personnel. À l'instar des PNCAVT (pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique) qui se présentent sous le nom de médecines alternatives, complémentaires, douces ou naturelles et peuvent parfois être des escroqueries.

Certaines tiennent la route

En 2012, toujours dans la région Midi-Pyrénées, deux numéros de déclaration d'activité ont été retirés. La Direccte indique qu'il existe de nombreuses formations comportementales qui tiennent la route. Avant tout, chaque entreprise doit identifier les stagiaires potentiels selon les besoins de chacun. "Suivant les objectifs fixés, les formations ne se valent pas. Pour s'assurer de la fiabilité d'une prestation, l'attention doit donc porter sur les moyens pédagogiques, les modes d'enseignement ou la valorisation de la formation. Il n'existe pas d'agrément mais certains organismes sont certifiés ou labellisés, ce qui témoigne d'une démarche de qualité. À ce jour, on ne peut qu'encourager les entreprises à se tourner vers ces organismes."


Médico-social : l'Unifaf veille

Selon le comité d'éthique de l'Unifaf, Opca (organisme paritaire collecteur agréé) de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale, les gens vont "faire leur marché sur internet" pour trouver des PNCAVT. De plus, ces dérives tendent à proliférer par un manque de cadre juridique. Telle une cellule de veille, l'Unifaf s'est donné pour mission, avec son comité d'éthique, pour mission de réfléchir aux formations proposées aux adhérents de la branche et de les protéger des dérives "sectaires". Les équipes sont sensibilisées aux risques attachés à certaines offres de formation et de thérapies. Le coût d'une formation ne doit pas être le principal critère de choix.



Consulter le Guide Midiluves (pdf)

Source (actuEL-HSE.fr)

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