Souffrance au travail : les symptômes qui doivent alerter

Posté le 15 novembre 2022 | Dernière mise à jour le 4 août 2023

souffrance au travail

Stress, harcèlement, violence externe… Les risques psychosociaux (RPS), facteurs de souffrance au travail, n’épargnent aucun secteur d’activité. Il est pourtant possible d’en détecter les symptômes, comme l’explique le docteur Constance d’Aubarede, responsable du service de santé au travail du Centre Léon Bérard, à Lyon.

Selon l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), ‘’les risques psychosociaux (RPS) correspondent à des situations de travail où sont présents du stress, des violences internes (harcèlement moral ou sexuel, conflits…) ou des violences externes (insultes, menaces, agressions…).

Combinés à des facteurs liés à l’activité de l’entreprise elle-même ou à l’organisation de travail (pression managériale, faible autonomie, conflits de valeurs…), ils peuvent avoir de lourdes conséquences sur le fonctionnement des entreprises (absentéisme, turn-over…) et, surtout, sur la santé des salariés : maladies cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques, troubles anxiodépressifs, épuisement professionnel (burn-out et autres), voire suicide.

Chef du service de santé au travail du Centre Léon Bérard, qui compte 1600 salariés, le docteur Constance d’Aubarede détaille les symptômes susceptibles de révéler un réel mal-être au travail.

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Quels sont les principaux symptômes de mal-être au travail ?

Ils peut se manifester par une démotivation croissante du salarié, par un désinvestissement. Par des changements de comportement, également, à travers des personnes à fleur de peau, particulièrement irritables et désabusées, ou encore par des signes psychosomatiques : troubles du sommeil, brûlures gastriques, hypertension, troubles musculo-squelettiques…

Comment détecte-t-on une souffrance au travail ?

En décortiquant les indices, liés directement ou indirectement au travail, délivrés lors d’une consultation en médecine du travail. On peut faire face à des troubles du sommeil : une personne qui se réveille au milieu de la nuit pour penser à ce que va dire son chef, aux tâches qu’elle a à effectuer, est un élément qui doit alerter. Le salarié peut également exprimer une douleur morale en lien avec le travail, provoquée par exemple par des mésententes avec ses collègues ou sa hiérarchie, la cadence ou le contenu du travail, le contact avec le public… Elle se traduit souvent par la fameuse ‘’boule au ventre’’ à l’idée d’aller travailler.

stress-et-physiologie

Quels indices indirects de mal-être au travail peut-on également rencontrer ?

Un bon indicateur est celui du désinvestissement, avec des salariés démotivés qui peuvent subitement compenser cette démobilisation en pratiquant beaucoup de sport, en entamant des démarches pour changer de travail, etc. Les autres indices qui pourront mettre en alerte sont les plaintes somatiques diverses et variées, tels des maux de tête, des brûlures d’estomac, de l’hypertension, des troubles musculo-squelettiques, des douleurs lombaires… Un état dépressif avéré est un autre signal à ne pas négliger.

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Comment peut-on être certain qu’il s’agit d’une souffrance au travail à prendre en compte ?

Réunir plusieurs de ces critères est un signe probant de mal-être au travail. Mais il faut tout de même toujours conserver une certaine méfiance et nuancer l’analyse : en fonction des périodes, on peut en effet très facilement réunir certains de ces critères. Chaque crise ne signifie pas une souffrance à long terme, elle peut n’être que passagère.

Le médecin du travail, qui au biais de l’entretien identifiera les signaux. Nombreux sont ceux qui ne pensent pas à aller consulter, plus par méconnaissance, d’ailleurs, que par négligence. Globalement, les salariés ignorent qu’ils peuvent solliciter eux-mêmes leur médecin du travail et se contentent souvent d’attendre la convocation à leur visite périodique. Dans les cas les plus extrêmes, à l’image du burn-out, on observe même souvent un certain déni, qui rend le trouble plus difficile à identifier.

Est-il possible d’évacuer cette souffrance au travail ?

Chaque cas est unique et le médecin du travail, qui connaît bien l’environnement et les conditions de travail, est là pour orienter le salarié concerné en collaboration avec des praticiens généralistes ou spécialistes. Mais au final, c’est toujours le salarié lui-même qui a la réponse à son problème, lorsqu’au fil de la discussion il comprend que la situation ne peut pas durer et qu’il faut changer quelque chose. C’est là tout le bienfait de la consultation, elle permet de réfléchir aux solutions permettant de remédier à ce mal-être au travail.

qualité de vie au travail

Quelles sont, justement, les solutions envisageables ?

Encore une fois, chaque cas est particulier et les issues sont nombreuses : intervention auprès de la hiérarchie, médiation, aménagement du poste… Lorsque cela s’avère nécessaire, le médecin du travail peut renvoyer le salarié vers son médecin traitant pour la prescription d’un arrêt de travail. Globalement, les gens finissent pas sortir de ces situations, en rétablissant une communication rompue, en examinant leurs objectifs ou leurs attentes professionnels différemment… S’il le faut, cela peut se traduire par un changement de poste, voire, dans des cas très précis et médicalement justifiés, par un licenciement pour inaptitude.

À SAVOIR
Longtemps ignorée, aujourd’hui fléau majeur du XXIème siècle, la souffrance au travail fait l’objet d’une attention grandissante dans les milieux de la santé comme de l’entreprise. En plus des services de santé au travail internes aux (grandes) entreprises, de nombreux organismes et associations ont vu le jour pour apporter des réponses au mal-être des salariés. C‘est le cas du réseau d’accueil et de prévention Souffrance et travail, créé par les Mutuelles de France Centre-Est, constitué de médecins du travail, de psychologues et de conseillers juridiques et sociaux aptes à proposer écoute, conseils et consultations spécialisées anonymes.