Se loger en fonction de son travail, pas toujours facile

Posté le 13 avril 2012 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

La hausse continue des prix de l'immobilier depuis quinze ans fragilise de plus en plus de ménages français. Une étude du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) réalisée pour le Medef publiée le 11 avril montre que ces difficultés commencent à retentir sur la bonne marche des entreprises.

Un établissement sur quatre signale que les problèmes de logement des salariés compliquent le recrutement, un sur cinq évoque des freins à la mobilité interne, etc.

LES PROBLEMES DE LOGEMENT DES SALARIES AFFECTENT 40% DES ENTREPRISES

Si 19% des dirigeants d'établissement indiquent spontanément que certains de leurs salariés éprouvent des difficultés à se loger, la proportion d'établissements impactés par les problèmes de logement des salariés s'élève, en réalité, à 40% lorsqu'on aborde en détail toutes les répercussions possibles. Cette proportion augmente très nettement avec la taille de l'établissement pour atteindre 43% dans les structures de 200 salariés ou plus.

Le décalage entre les 19% d'établissements ayant repéré des problèmes de logement pour leurs employés et la proportion de structure subissant des conséquences négatives des problèmes de logement de leurs salariés (40%) est un phénomène bien connu dans les enquêtes.

Le premier taux donne une mesure de la « présence à l'esprit » du thème lorsqu'on interroge les enquêtés sans qu'ils aient réfléchi précisément à la problématique. Le détail précis de toutes les répercussions possibles des problèmes de logement sur la gestion des ressources humaines permet de donner une mesure plus précise de l'ampleur du phénomène.

Ainsi, 40 % des établissements sont affectés par les difficultés de logement de leurs salariés. Les difficultés de logement des salariés finissent par entraver la bonne marche des entreprises, que ce soit en termes de gestion des ressources humaines (complication de recrutement ou de mobilité interne, objet de négociation salariale), d'activité (diminution de la productivité) ou d'incidence sur le climat social.

La majorité des établissements concernés (66%) estime que seules certaines catégories de salariés ont des difficultés de logement. Les jeunes salariés (82%), les intérimaires et les travailleurs saisonniers (57%) ainsi que les familles monoparentales (56%) seraient ainsi les premiers à pâtir de l'augmentation des prix de l'immobilier, souffrant de salaires plus modestes, d'absence de garantie à offrir ou étant précaires.

Les dirigeants d'établissements mettent surtout en avant la complexité à recruter (23%) et les problèmes pour gérer la mobilité interne des employés (19%). 18% indiquent aussi des incidences sur la productivité des salariés. Notons aussi qu'un comité d'entreprise sur cinq aborde ces difficultés avec la direction et 15% déclarent que la question du logement est évoquée lors des négociations salariales. Au total, si l'on cumule ces diverses conséquences, 40% des établissements sont affectés par les problèmes de logement de leurs salariés.

REGION PARISIENNE ET PACA EN TETE

Les entreprises situées dans les zones en tension (région parisienne et Paca) et les grands établissements sont les plus touchés par le phénomène.

Certains recourent aux dispositifs d'Action Logement (anciennement 1 % Logement), d'autres ont mis en place des actions spécifiques pour remédier à cette situation. Mais une partie des entreprises reste sans solution.

Les petits établissements en particulier, faute de moyens, ont plus de mal à proposer des aides à leurs salariés.

L'enquête montre que les entreprises attendent beaucoup des élus locaux et des collectivités locales sur ces sujets. 25 % se disent même prêtes à collaborer avec les pouvoirs publics en s'investissant dans la préparation d'un programme local de l'habitat ou d'un plan local d'urbanisme.

Rappelons qu'une précédente enquête menée début 2011 indiquait que 70% des salariés déclaraient qu'ils refuseraient un emploi meilleur que celui qu'ils occupent actuellement si cela devait occasionner un surcoût financier en terme de logement. Autres enseignements : au cours des 5 dernières années, 500 000 demandeurs d'emploi ont refusé un travail pour une question liée au logement. Les chômeurs et actifs en recherche d'emploi supportent d'importantes charges de logement et sont contraints de s'éloigner des pôles urbains pourvoyeurs d'emplois. La hausse des prix de l'immobilier incite les ménages à ne pas déménager pour ne pas supporter de plus lourdes charges de logement.

Enfin, l'enquête diffusée en avril révèle que non seulement, parmi les établissements qui estiment que certains de leurs salariés éprouvent des difficultés à se loger - 19% des établissements –, une majorité pense que les difficultés de logement de leurs salariés ont empiré par rapport à il y a cinq ans, mais 36% de l'ensemble des établissements pensent que les conditions de logement vont devenir plus difficiles dans les années à venir. Pas étonnant qu'une majorité d'entre eux prennent à coeur cette question...

Et vous, connaissez-vous des problèmes de logement, des problèmes de transport pour vous rendre à votre travail? Avez-vous dû renoncer à un poste pour des raisons d'éloignement?...

L'enquête repose sur l'interrogation par téléphone d'un échantillon de 1 516 établissements présents sur le territoire métropolitain, en décembre 2011, auprès de la personne en charge des ressources humaines dans l'établissement (DRH, dirigeant pour les petites structures, responsable administratif, etc.)

 source : le monde de l'emploi

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