Profession dentaire et mercure

Posté le 14 novembre 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

Ce sont les grands oubliés du débat…

 

 

 La question de la toxicité du mercure dentaire est pourtant dans le viseur de nombreuses agences : au niveau européen, le SCHER, a récemment rendu ses conclusions sur la pollution due aux amalgames dentaires, et les effets sanitaires qui en résultent [1] ; une autre, le SCENIHR, cherche à déterminer si ces amalgames représentent un risque pour les patients. En France aussi, l’ANSM a voulu donner l’illusion qu’elle s’intéressait à la santé des porteurs de mercure dentaire [2]. Mais, dans le même temps, personne ne se penche sur les professions dentaires – chirurgiens-dentistes et assistantes – qui sont pourtant aux premières loges quand il s’agit d’inhaler des vapeurs de mercure.

La dernière fois qu’un organisme public s’est penché sur cette question, c’était l’INRS en 2003 – il y a dix ans [3] ! La publication relève un risque d’intoxication chronique, qui « se traduit le plus souvent après plusieurs années d’exposition par une instabilité émotionnelle, une fatigue excessive, des troubles de la concentration, un état dépressif, la présence d’un goût métallique dans la bouche et parfois des troubles de la vision avec constriction du champ visuel », et peut aboutir au « tremblement mercuriel » et à des « troubles de la coordination ». Depuis lors, des publications scientifiques ont indiqué que ces risques de troubles neurologiques et cognitifs sont encore plus grands chez les assistantes dentaires, que le risque de suicide est augmenté chez les dentistes hommes ou encore que les dentistes femmes et les assistantes dentaires souffrent de troubles de la reproduction [4]… toutes choses (et bien d’autres) imputables aux vapeurs de mercure.

Ces constats plaident vigoureusement en faveur d’une interdiction du mercure dentaire et de la mise en place d’une législation protégeant les dentistes et leurs salariés. C’est en ce sens que l’eurodéputée Karima Delli a déposé, le 23 octobre dernier, une question écrite à la Commission [5] ; c’est dans cette intention aussi que nos associations vont écrire au ministre du Travail pour lui demander d’agir.

Alors que les Nations ont exprimé en octobre, en signant la Convention de Minamata sur le mercure, qu’elles refusent de continuer à empoisonner leurs écosystèmes et leurs populations au mercure [6], il n’est pas possible de faire du cabinet dentaire le lieu d’une exception morbide.

En contournant cette question, les pouvoirs publics encourent le risque d’un puissant mécontentement de la part des professionnels exposés. En avril 2012, une assistante dentaire norvégienne a fait valoir devant la Justice de son pays que les pathologies dont elle souffrait étaient bel et bien consécutives à son exposition professionnelle au mercure [7]. Une première qui pourrait inspirer des suites sur notre territoire.

Source (inrs.fr)

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