Pénibilité au travail : combien de Français sont concernés ?

Posté le 15 janvier 2014 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

Plus d’un tiers des salariés français sont exposés à la pénibilité au travail, révèle le cabinet de conseil Altaïr Conseil. Mais d’un secteur à l’autre, les causes du mal-être divergent.

38,7%, c’est la proportion d’emplois qui seraient exposés à la pénibilité en France, selon une étude menée récemment par Altaïr Conseil. Avant d’arriver à cette conclusion, le cabinet de conseil en management des organisations et des ressources humaines, prévention des risques et gestion de crise a réalisé des diagnostics pénibilité dans une cinquantaine d’entreprises, sans se limiter aux grands groupes: ETI et PME étaient aussi de la partie. Au total, un échantillon de 156 000 salariés. Le résultat se situe entre deux eaux : 38,4%, c’est "un taux d’exposition deux fois plus élevé que les prévisions gouvernementales (18%), mais aussi très éloigné des 100% souvent avancés", souligne l’étude.

L’industrie plus touchée que la distribution

"De fortes disparités sont observées entre les secteurs d’activité", alerte le rapport. En matière de confort au travail, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, c’est connu. Ainsi, si 43% des salariés de la grande distribution sont exposés à la pénibilité, ils sont 72 % dans l’industrie. Et au sein-même de ce secteur, l’hétérogénéité est de mise. Les employés de l’agro-alimentaire, concernés à 77%, s’avèrent particulièrement mal lotis, quand ceux du secteur de la chimie fine, touchés à hauteur de 29%, se situent sous la moyenne nationale. Dans l’industrie environnementale, et dans celle des produits verriers, enfin, c’est plus de la moitié des troupes qui subit la pénibilité au travail: 55%, dans les deux cas.

10 facteurs à prendre en compte

Si des rapports de ce type ont déjà été publiés par le passé, ils étaient "réalisés de manière généraliste", précise Bruno Gourévitch, président d’Altaïr Conseil. Cette étude se démarque car "c’est la première élaborée selon les 10 facteurs officiels de pénibilité". Ces derniers, déterminés par les partenaires sociaux en 2008, serviront de base à la mise en place du "compte personnel de prévention de la pénibilité" en janvier 2015. Les salariés exposés à un ou plusieurs des critères situés sur cette liste pourront comptabiliser des points sur ce compte, leur permettant un départ à la retraite anticipée ou une reconversion.

Bruit, posture ou rythme de travail : à chacun sa plaie

L’analyse de la pénibilité au travail selon cette liste révèle, d’un secteur à l’autre, "des différences sensibles selon les facteurs de pénibilité", comme le précise l’étude. Si les salariés de la grande distribution se trouvent au-dessous des seuils prescrits par le code du travail en ce qui concerne "les manutentions manuelles de charge lourde" ou le "bruit", en revanche ceux de l’échantillon industriel en souffrent (10% sont concernés par le premier facteur, et 30% sont exposés "à des ambiances sonores dépassant fréquemment 90 dBA sur toute la durée d’un poste").

A l’inverse, les salariés de la grande distribution subissent davantage des "postures pénibles" que ceux de l’industrie (42% contre 33%). "Ces personnels se trouvent exposés dans les magasins à la pénibilité liée à la mise en rayon des produits. Ils sont soit à genoux, accroupis ou allongés pour approvisionner les rayons d'en bas, soit les bras en l’air pour approvisionner ceux d’en haut." C’est, pour ce secteur, le premier facteur de pénibilité, tandis que dans l’industrie, la principale raison d’inconfort est le "travail en séquences successives alternantes" (les roulements de postes selon un rythme de 2x7, 2x8, 3x8…) qui concerne 53% des salariés.

Les derniers diagnostics pénibilité dressés par Altaïr Conseil ont été menés fin 2013. Désormais, et au vu des résultats présentés, les entreprises ont pour obligation, selon l’article L4121-1 du code du travail, "d’engager des mesures de prévention sur la santé et la sécurité de l’employé au travail", souligne le président du cabinet de conseil. Certaines ont déjà lancé la bataille contre la pénibilité.

Source (challenges.fr)

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