L'Igas recommande de faire de l'entreprise un lieu de promotion de la santé

Posté le 30 juillet 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctL’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a publié, le 11 juillet, un rapport relatif aux interactions entre santé et travail. Prenant comme illustrations des maladies encore peu analysées à travers le prisme de la prévention des risques professionnels, telles que les maladies cardiovasculaires et les addictions aux substances psychoactives, mais qui constituent des sujets majeurs de santé publique et peuvent trouver leur cause ou avoir une résonance dans le milieu professionnel, elle estime nécessaire de mieux appréhender l’impact des conditions de travail sur la santé. Elle recommande par ailleurs d’utiliser le lieu de travail comme lieu de promotion de la santé.

Lien santé-travail : l’exemple des maladies cardiaques et addictions

Alors que, selon l’OIT, les maladies professionnelles ou liées au travail tuent six fois plus que les accidents industriels, elles restent, comparées à ces derniers, encore mal reconnues. Tel est le cas des maladies cardiovasculaires (MCV), regroupant notamment les accidents vasculaires cérébraux (AVC), l’hypertension artérielle et les infarctus du myocarde, lesquelles constituent pourtant la 2e cause de décès après les tumeurs. Or, selon le rapport, des études ont démontré que le stress au travail augmente le risque d’infarctus et qu’une élimination des conditions de travail les plus défavorables (forte charge de travail, bruit, travail posté, etc.) pouvait réduire de 10 % les infarctus et de 18 % les AVC. D’autres études démontrent aussi l’existence d’un lien de causalité entre conditions de travail et comportements addictifs, particulièrement pour ce qui concerne l’alcool. Parmi les circonstances favorisant la consommation d’alcool au travail peuvent être cités : le stress, certains rythmes de travail comme le travail posté, le travail en plein air, les postures pénibles, le port de charges lourdes et les repas d’affaire. Cette consommation de substances psycho­actives peut alors amener à la survenance d’accidents du travail.

En conclusion, les auteurs du rapport estiment que révéler l’impact de l’activité professionnelle sur l’état de santé des personnes, même si cela ne se traduit pas par une reconnaissance de maladie professionnelle ou un accident du travail, permet d’aborder la prévention sous tous ses aspects. Ils estiment par ailleurs que la promotion de la santé doit également se faire dans l’entreprise.

Le lieu de travail comme lieu de promotion de la santé

Cette nécessité de faire du lieu de travail un lieu de promotion de la santé est déjà soulevée, souligne le rapport, par plusieurs acteurs de la santé, dont Paul Frimat, pour qui « le monde du travail devrait être considéré comme un lieu privilégié pour faire de la prévention et ainsi aborder la santé autrement que par le soin ». Les rapporteurs ajoutent que cette promotion de la santé contribuerait à la réduction des inégalités sociales de santé. Elle présente aussi un intérêt pour l’employeur, puisque des études ont démontré un impact positif sur l’incidence des maladies cardiovasculaires, l’amélioration de la productivité et la réduction des coûts pour l’entreprise. En pratique, les rapporteurs estiment que cette démarche doit être débattue dans le cadre des CHSCT. Les médecins du travail peuvent également être sollicités, mais non au détriment de leur mission première qui est d’assurer la santé au travail. À cet égard, le rapport pointe les difficultés des services de santé au travail à faire face à leur activité (manque de temps, transformation du système productif, etc.). Il suggère ainsi de faire intervenir des acteurs extérieurs, en lien avec le CHSCT, tel que l’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé). Les employeurs ont également un rôle à jouer, compte tenu de leur obligation de sécurité de résultat, en particulier pour prévenir et lutter contre les addictions. Pour l’Igas, la consommation de substances psychoactives doit être évaluée et intégrée à la politique de prévention de l’entreprise et traitée dans le règlement intérieur. Elle souligne à cet égard qu’il est nécessaire de passer d’une logique de contrôle à une réelle logique de prévention, suggérant par exemple la mise en place d’une fonction de médiateur dans les grandes entreprises.

Source (wk-rh.fr)

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