Les conditions de travail en Europe et en France

Posté le 30 mai 2016 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

Carte De La France, Png, Pays De L'Union Européenne

La sixième enquête européenne sur les conditions de travail, effectuée en 2015, délivre des enseignements sur le statut de l’emploi, les risques physiques et psychosociaux et les relations sociales que vivent les travailleurs européens. Elles montrent des évolutions positives, soulignent les questions concernant des groupes de travailleurs spécifiques et indiquent aussi les nombreux sujets de préoccupation. Pour compléter le versant français, nous disposons de la synthèse de l’enquête de la DARES de 2013 sur la prévention des risques professionnels.

Une grande enquête européenne tous les 5 ans dans 35 pays

La sixième enquête européenne sur les conditions de travail (EWCS) est une grande enquête sur les travailleurs, effectuée par Eurofound tous les cinq ans depuis 1991. L’enquête interroge des salariés et des travailleurs indépendants sur les principaux thèmes liés à leur travail et à l’emploi, dans le cadre d’un questionnaire.

La sixième édition de l’EWCS a été menée en 2015 dans 35 pays. L’analyse à l’échelle de l’UE 28 est fondée sur 35 765 entretiens.

L’enquête est une photographie de l’Europe au travail à travers les différents pays, les professions, la dimension du genre et les catégories d’âges. Les résultats soulignent la réalité complexe à laquelle les responsables politiques européens sont confrontés.

Des évolutions positives dans plusieurs domaines

  • On constate une diminution de l’exposition aux risques liés à une mauvaise posture, même si elle est toujours importante, à hauteur de 43 %.

  • Neuf travailleurs sur dix indiquent être bien informés ou très bien informés sur les risques liés à la santé et à la sécurité encourus dans le cadre de l’exécution de leur travail.

  • Une forte proportion de travailleurs (58 %) indique que leur responsable les soutient toujours ou la plupart du temps, et une très forte proportion (71 %) reçoit toujours ou la plupart du temps un soutien de la part des collègues.

  • La proportion des salariés dont le supérieur hiérarchique (chef) direct est une femme a augmenté, de 24 % en 2000 à 33 % en 2015.

  • La majorité des actifs (58 %) signalent être satisfaits du temps de travail dans leur principal emploi rémunéré.

  • Un tiers des salariés (31 %) travaillent dans une « organisation à forte implication », caractérisée par un haut degré de latitude accordée à la réalisation des tâches et un haut niveau de participation à l’organisation.

  • Près des deux tiers des travailleurs reconnaissent que l’organisation pour laquelle ils travaillent les motive pour donner le meilleur d’eux-mêmes dans leur travail : 39 % sont « plutôt d’accord » et 24% « tout à fait d’accord ».

Des questions concernant des groupes de travailleurs spécifiques

  • Les différences entre les hommes et les femmes demeurent importantes, à la fois au travail et hors du cadre professionnel.

  • Les hommes travaillent plus fréquemment un plus grand nombre d’heures (48 heures ou plus – en particulier les travailleurs indépendants) et les femmes, un nombre d’heures plus réduit (moins de 20 heures).

  • Les hommes font état de davantage d’heures de travail rémunérées, mais le nombre total d’heures de travail (travail rémunéré dans des emplois principaux et secondaires, temps de déplacement et travail quotidien non rémunéré) est plus élevé pour les femmes que pour les hommes.

  • Les travailleurs des petites entreprises sont moins fréquemment informés des risques liés à la santé et à la sécurité encourus dans le cadre de l’exécution de leur travail.

  • Les jeunes travailleurs sont plus exposés que les autres travailleurs à l’intensité du travail, au travail posté, à des comportements sociaux hostiles et à l’insécurité de l’emploi.

  • Les travailleurs âgés de plus de 50 ans signalent des perspectives de carrière plus réduites et des possibilités de formation insuffisantes.

Des sujets de préoccupation

  • Entre 2010 et 2015, on a assisté à une augmentation du niveau d’exposition aux produits chimiques (de 15 % à 17 %) et aux matériaux infectieux (de 11 % à 13 %).

  • De nombreux ouvriers restent exposés à un haut niveau d’intensité de travail, tout en signalant un faible niveau d’autonomie, de sécurité du poste et de l’emploi.

  • Près d’un travailleur sur six (16 %) signale avoir fait l’objet d’un comportement social hostile – par exemple d’actes de violence, de harcèlement, d’attentions sexuelles non désirées - avec de graves conséquences potentielles pour les travailleurs concernés et pour le maintien de leur participation au travail.

  • La proportion des travailleurs qui ont déjà fait l’expérience du sentiment du travail bien fait a subi une forte diminution, pour s’établir à 40 %.

  • La ségrégation selon le genre est encore répandue : les deux tiers des salariés (67 %) sont dirigés par un chef masculin et 85 % des salariés masculins ont un supérieur hiérarchique masculin.

  • En 2015, 16 % des salariés s’estiment « d’accord » ou « tout à fait d’accord » avec l’affirmation selon laquelle ils pourraient perdre leur emploi dans les prochains mois - la même proportion qu’en 2010.

En France

La Dares, dans son enquête de 2013 présente les mesures de prévention des risques professionnels mises en œuvre en France par les employeurs publics et privés. Ces conclusions rejoignent sur de nombreux points l’enquête européenne.

Près de 60 % des employeurs publics et privés ont pris des mesures de prévention des risques professionnels. Ces mesures n’ont pas toujours fait suite à une démarche formalisée d’évaluation des risques pour la santé et la sécurité de leurs salariés puisque seuls 46 % des employeurs ont élaboré ou mis à jour un document unique d’évaluation des risques professionnels, pourtant obligatoire pour toutes les entreprises depuis 2001.

Globalement, les politiques de prévention des risques professionnels ont été moins actives dans la fonction publique et dans les petits et moyens établissements du secteur marchand et associatif.

Les grands établissements du secteur marchand ont plus souvent mis à disposition des équipements de prévention, formé à la sécurité du personnel, modifié l’organisation du travail en vue de prévenir les risques. Ils ont notamment plus recouru à la substitution d’un produit dangereux par un autre moins dangereux en cas de risque chimique. Ils ont recouru aussi davantage aux certifications sur la santé-sécurité au travail et ont souvent fait appel à des experts externes en santé-sécurité, tout comme les établissements hospitaliers du public ou du privé.

Concernant les risques psychosociaux, 24 % des établissements ont pris des mesures de prévention à dimension collective, et 22 % des mesures d’ordre individuel. Dans les établissements du secteur marchand, le télétravail a été plus répandu quand l’employeur jugeait ses salariés exposés à des risques psychosociaux.

 

Clés du social.com  (Lire l'Article Original)