Le malaise social de l'aéroport se règle devant les tribunaux

Posté le 27 septembre 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctLa tension est à son comble entre la direction de l'aéroport de Beauvais et la CGT. Si bien que les deux parties se sont retrouvées, hier, face à face, devant le tribunal.

Entre eux, le dialogue est rompu. Que ce soit lors des comités d'entreprises, lors des Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), la Sageb et la CGT ne sont pas tombés d'accord. Alors la Sageb a décidé de demander à la justice de trancher sur trois points d'un dossier qui en dit long sur le climat social qui règne à l'aéroport de Beauvais.

1 LA SAGEB REFUSE UNE EXPERTISE RÉCLAMÉE PAR LES ÉLUS DU CHSCT
En avril dernier, le secrétaire du CHSCT réclame une expertise sur les conditions de travail, après avoir observé un fort taux d'absentéisme du personnel en 2012. « Les jours d'arrêt maladie sont passés de 1758 en 2010 à 3275 en 2012 », évoque M e Simon, défenseur de la CGT.

Pour pallier ses absences « importantes », la Sageb fait appel à des intérimaires. « Deux tiers de l'assistance technique des avions étaient assurés par des intérimaires, ce qui constitue un motif sérieux de risque autant pour les usagers de l'aéroport que pour les salariés », défend M e Simon. Un bilan que la direction de l'aéroport a contesté, hier, devant le tribunal de grande instance. « Les taux sont en dessous de la moyenne nationale, en dessous de la moyenne du secteur des transports », relativise M e Maitre, avocat de la Sageb.

Quant aux intérimaires, ils sont indispensables. « Chez nous, on est obligés de remplacer systématiquement, sinon on ne fait pas décoller un avion, insiste l'avocat de la direction. Ce recours à l'intérim a même été signé par un représentant de la CGT dans un précédent accord ».

2 LE RECOURS AU DROIT D'ALERTE CONTESTÉ
Le comité d'entreprise, à l'origine de ce droit d'alerte, « s'inquiète de la gestion économique et sociale de l'entreprise », selon M e Simon. Les représentants du CE ont alors demandé à un cabinet externe de se pencher sur la question. « D'autant que la commission européenne enquête sur l'aéroport de Beauvais », argumente l'avocate de la CGT. Sur ce point, la direction de l'aéroport dénonce « une procédure irrégulière » et réclame la nullité du droit d'alerte « qui n'a jamais été inscrit à l'ordre du jour d'aucun comité d'entreprise ». Pour en rajouter au malaise, la Sageb reproche à la CGT « un harcèlement » et un « ton intolérable » pris lors d'envois de mails. « Ce n'est pas comme ça qu'on parle à son employeur. »

3 FAIRE LA LUMIÈRE SUR LES COMPTES DU COMITÉ D'ENTREPRISE
Cette fois, c'est la Sageb qui est à l'origine de la procédure en réclamant une expertise sur les comptes du comité d'entreprise, qui s'y est opposé. La direction s'interroge sur l'utilisation des fonds qu'elle alloue au comité d'entreprise. « Pourquoi, par exemple, le CE a-t-il épargné plus de la moitié du budget des œuvres sociales en 2012 ? 38 000 pour payer des événements : il n'y a aucun détail là-dessus », se demande M e Maitre. « Le CE est libre de la gestion de ses fonds. On ne peut lui reprocher d'avoir épargné », justifie M e Simon. Le tribunal de grande instance se prononcera le 10 octobre.

Source (courrier-picard.fr)

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