Le constat implacable d’une psychologue sur la souffrance au travail à la CAHC

Posté le 28 août 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctDepuis quelques années, le torchon brûlait côté management et relations humaines au sein de l’agglomération d’Hénin-Carvin. Avec comme corollaire des départs vers d’autres collectivités, des pétages de plomb et même plusieurs tentatives de suicide. Une situation hypertendue sur laquelle une psychologue vient de pencher au fil d’un travail d’écoute de plusieurs mois. À l’arrivée, un constat impitoyable qui met en avant une absence de communication, un climat de peur et d’énormes problèmes entre les agents et leur hiérarchie.

Jean-Pierre Corbisez préfère ne pas rentrer dans les détails des reproches parsemant ce rapport estampillé confidentiel, mais en convient : il y a un gros programme de formation à prévoir, notamment au sein de la hiérarchie de la CAHC.
Sur l’origine de cette intervention, les avis divergent. Pour certains élus siégeant au CHSCT, c’est le 16 janvier dernier, lors d’une réunion de la commission d’hygiène et de sécurité de la communauté d’agglomération d’Hénin-Carvin que la décision aurait été prise de faire intervenir une psychologue à la CAHC « pour écouter la souffrance de la partie du personnel la plus fragilisée qui s’est déjà matérialisée en plusieurs tentatives de suicide au sein du personnel.

À tel point que la Médecine du travail avait déjà saisi Jean-Pierre Corbisez de ce problème, le président ayant mis du temps avant de s’en émouvoir… » explique un élu communautaire.

Cette mission d’« accompagnement des salariés et d’évaluation et prévention des risques psychosociaux », le président Corbisez affirme, quant à lui, qu’elle est de sa propre initiative : « Des gens ont passé des messages d’urgence ou d’appel au secours et comme on n’est pas des psys on peut bien évidemment passer à côté de cas pouvant parfois générer des catastrophes.
Tous ces problèmes m’avaient été remontés de manière interne et j’estimais que mon rôle, dans l’urgence, était de confier cette mission à un intervenant extérieur pour que les gens aient un lieu de parole extérieur à l’agglo et c’est ce qui a été fait.
Le rapport sera présenté au prochain CHSCT, il vient d’être présenté au cabinet et on va désormais l’étudier en détail. Ce qui est déjà sûr, c’est qu’on a à l’agglo des gens qui sont peut-être de bons techniciens mais qui vont avoir besoin de partir en formation, notamment en ce qui concerne le management du personnel.
Et puis il y aura aussi besoin de rappeler à ceux qui arrivent en collectivité sans être pour autant fonctionnaires qu’il y a aussi une hiérarchie qui existe. Et que quand on fait passer un message, c’est juste un ordre qui circule et pas automatiquement une brimade ou encore un harcèlement. Tout cela est à repréciser et à remettre à plat au cours du prochain CHSCT. Et, en tant que président, c’est mon rôle de décoder tout ce qui ressort de ce rapport comme c’est celui des chefs de service de prendre conscience que, parmi les agents placés sous leur responsabilité, il y en a qui ne sont pas bien dans leur tête… »

Une quarantaine d’entretiens
Lors de cette mission qui s’est déroulée de mars à juin dernier, la psychologue, spécialiste de l’accompagnement personnel et professionnel, qui a été missionnée par la CAHC, a animé sept groupes de parole dont certains étaient composés de responsables et directeurs, et mené quelque quarante entretiens individuels.
Si Jean-Pierre Corbisez tient à préserver la confidentialité quant au contenu de ce rapport, nous avons pu avoir connaissance de sa teneur principale qui a tout d’un électrochoc pour la famille communautaire.
Un constat que la psychologue elle-même qualifie de « difficile à entendre », évoquant une communication qui « dans son acceptation véritable » n’existe pas.
« Le management est très aléatoire ou est réalisé à partir de modèles non adaptés. La peur se retrouve à tous les niveaux hiérarchiques sous différentes formes…
À chaque niveau de la hiérarchie, j’observe des difficultés de communication, une incompréhension de la situation des uns et des autres… »

De la peur à la terreur…
Les points noirs pointés par la « psy » ?
Un climat de peur « voire de terreur pour certaines personnes », de grandes difficultés relationnelles avec les supérieurs hiérarchiques mais aussi des souffrances « en lien avec des propos, réflexions, positionnements ou non-positionnements des supérieurs hiérarchiques ». Effectivement, des mots durs et un jugement implacable (le rapport évoque même un manque de cohésion d’ensemble « d’où un manque d’efficacité et de responsabilités qui se rejettent les uns sur les autres ») qui devrait faire bouger les choses dans l’organisation des services où ce rapport devrait faire date, surtout en cette rentrée fatidique, car préélectorale, où la tension sera logiquement encore plus palpable que d’habitude.

Source (lavoixdunord.fr)

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