Et si on faisait la sieste au travail ?

Posté le 24 janvier 2012 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

altAISNE - Enfants, nous avons tous fait la sieste. Certains pensent qu’ils n’auraient jamais dû arrêter. Alors, pour être productifs au travail, faut-il fermer les yeux ?

Lutter contre le sommeil est un combat difficile souvent perdu d'avance. Quand les paupières s'alourdissent, que les bâillements s'enchaînent, difficile de résister. Le problème c'est que ce besoin physiologique se manifeste sept jours sur sept. Et plus particulièrement après le déjeuner, à l'heure où il faut retourner travailler.

Un sujet tabou

Pour certains, la sieste représente un outil extraordinaire pour gérer sa santé. Sa pratique régulièrement permet de prévenir insomnie, stress et nervosité. Mais, avec le regard des autres, la sieste reste un sujet tabou.

Pas facile d'être humain quand on nous demande d'être toujours productif, performant. Peu répandu en France, le fait de dormir au travail n'aurait que des inconvénients. En réduisant la somnolence, celle-ci ferait chuter le nombre des accidents du travail et le salarié supporterait mieux la longueur de sa journée. En conséquence, il y aurait moins d'absentéisme et moins de congés maladie.
Le travail c'est la santé, dormir c'est la préserver.
Comme nous l'avons déjà constaté en France, les grands hommes de ce monde sont faits comme nous, ils somnolent au travail et ont parfois l'irrésistiblement besoin d'une sieste, qui n'a jamais vu une séance de l'assemblée nationale.
Une courte sieste est naturelle et bonne pour la santé, 10 minutes en journée permettent de recharger ses batteries et de « relancer » la mémoire.
Pour bien comprendre ce phénomène un directeur d'entreprise et un médecin spécialiste du sommeil donnent leur avis.

Le docteur Eric Mullens, spécialiste des troubles du sommeil
Le docteur Eric Mullens est médecin généraliste, spécialisé dans les troubles du sommeil et de la vigilance depuis 1991.
« Si la pratique de la sieste n’est pas ancrée dans la culture française, elle constitue pourtant une stratégie qui pourrait clairement améliorer la vie des travailleurs postés ».
En France, sa pratique est discréditée. Elle est considérée comme une perte de temps et certaines personnes luttent même pour s’empêcher de dormir.

Un événement chronobiologique

« Les nombreuses études montrent que depuis 1996, 63 % des travailleurs de nuit ont sommeil pendant le travail. Trois quarts des personnes qui se lèvent avant 5 heures du matin compensent leur dette de sommeil par une longue sieste l’après-midi et 57 % des cadres dirigeants aimeraient la faire. Nous savons que la sieste est un événement chronobiologique qui possède des vertus thérapeutiques à condition d’en connaître les règles de prescriptions, notamment en réponse à une dette de sommeil. Il est possible de l’assimiler à un médicament et d’en proposer un « mode d’emploi » associant : présentation, composition, indications, « posologie » et mode d’administration. »

Repos compensateur

« La société qui malmène notre rythme de sommeil nous impose une hypervigilance de tous les instants particulièrement en conduisant ou lors d’un travail à horaires irréguliers. Ces recommandations attribuent à la sieste et au repos compensateur un rôle déterminant pour réduire le coût et les conséquences de la somnolence. »

Où se reposer en paix après le déjeuner ?
Il est 14 h 30. La torpeur d’un déjeuner copieux. Les paupières qui papillonnent. Et la sacrée question qui taraude : où se reposer en paix ? A la maison peut-être ou alors… depuis quelques mois dans le premier bar à sieste qui s’ouvrent dans les grandes villes. Tout laisse à penser que ces types d’établissements devraient voir le jour dans quelques années un peu partout en France.
Un fauteuil en apesanteur
Pour en moyenne 12 euros les 15 minutes, vous débarquez avec votre fatigue, et vous la laissez là, dans un lit massant aux pierres de jade, ou dans un fauteuil en apesanteur. Bercé par une douce musique et une lumière tamisée, vous oubliez vos soucis de la journée.
Pendant que la cité s’épuise, vous vous requinquez.

Lu Vervins : «  D’accord, mais comment l’imaginer dans mon entreprise ? »
Eric Bouvattier, directeur général de l’usine Lu de Vervins : « Comme nous sommes en début d’année, je vais mettre cette résolution à mon calendrier personnel. Je vais tester la sieste.
En ce concerne la sieste à l’usine, je suis complètement d’accord sur le principe mais comment imaginer de mettre en place ce système avec des équipes de production d’une trentaine de personnes à chaque fois. »
Appropriée aux services administratifs
Pour ce directeur à l’écoute de ses salariés, tout est une question d’organisation. Le travail en usine demande aux ouvriers une activité importante. Toujours en mouvement, ces derniers sont sollicités en permanence aussi ont-ils vraiment le temps de s’assoupir ? Pas certain…
Eric Bouvattier : « Par contre, la sieste serait peut-être mieux appropriée aux services administratifs où les gens sont assis pendant des heures. » N’étant pas un professionnel de la sieste, Eric Bouvattier met tout de même en avant ses bienfaits qui sont l’efficacité, la concentration et la réactivité.
Pour que la sieste entre dans les habitudes et fasse partie intégrante de la politique de bien-être au travail de l’entreprise, il faut relayer le message. Les médecins du travail sont bien placés pour communiquer auprès du personnel sur les vertus de la récupération.
En somme, instaurer la sieste au travail, c’est aussi un bon outil de motivation et de communication interne !

source: aisnenouvelle.fr

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