Comment mettre en place des espaces de discussion sur le travail ?

Posté le 6 juin 2017 | Dernière mise à jour le 18 mars 2021

Comment mettre en place des espaces de discussion sur le travail

En permettant aux salariés d'échanger sur le travail réel et d'exprimer leurs difficultés, les espaces de dialogue sur le travail apparaissent comme un outil d'amélioration de la santé au travail. Pour convaincre de l'intérêt de la démarche et agir efficacement, l'Anact prodigue ses conseils.

"L'accord national interprofessionnel sur la qualité de vie au travail de 2013 invite clairement les entreprises à expérimenter les espaces de discussion via l'expression directe des salariés sur leur travail", énonce l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact) sur son site Internet. Favoriser les échanges sur le travail participerait en effet à "la motivation et à l'engagement au quotidien". Dans un kit à télécharger, l'établissement public délivre de nombreux conseils pour réussir ce projet.

Un enjeu d'amélioration de la santé au travail

Dans un volumineux premier module, l'Anact propose une sélection de travaux d'experts permettant de mieux comprendre ce qu'il faut entendre par "espace de dialogue au travail" et l'intérêt de la démarche : "C'est un espace qui ouvre aux acteurs des possibilités d'énonciation des difficultés et des contradictions du travail en vue de la construction de compromis, le plus souvent provisoires, mais qui serviront pour un temps de point d'appui à l'action collective, est-il énoncé. (...) Les dynamiques communicationnelles apparaissent comme un élément-clé de construction de la santé au travail susceptible d'alimenter un cercle vertueux de mise en visibilité du travail réel, d'explicitation des contraintes et de fabrique de compromis d'action collective (...). La discussion permet au premier chef de restaurer le sens du travail, dans l'acceptation modeste mais si nécessaire, de la direction du travail quotidien".

Un autre texte, rédigé par deux chargés de mission de l'Anact, relève que "les activités d'organisation du travail de régulation des tensions et de soutien de leurs collaborateurs sont aujourd'hui le parent pauvre des activités managériales. (...) L'activité des managers est aujourd'hui marquée par la prédominance de la dimension gestionnaire", est-il déploré. L'occasion d'inviter "à aller vers un management de compréhension et de soutien avec des managers repositionnés sur un travail d'organisation du travail défini comme "la manière dont les acteurs se mobilisent pour inventer des solutions singulières face un problème particulier et pour mettre en place des dispositifs pour régler leurs échanges". L'institutionnalisation de ces espaces est une condition nécessaire pour mettre en place de nouveaux modes de management plus à même de gérer les tensions inhérentes au travail et d'apporter les ressources nécessaires à sa réalisation".

Les bénéfices escomptés de la création d'espaces de discussion sont ainsi résumés par l'Anact :

  • pour les salariés : partager les difficultés mais aussi les solutions, le moyen de construire les règles du métier, de fabriquer du lien social, développer la capacité d’action sur sa situation, de trouver du soutien et de la reconnaissance...
  • pour les IRP : nourrir leurs réflexions et leurs négociations avec des éléments en lien avec le travail réel.
  • pour les managers : agir dans leur rôle de management du travail par la régulation, l’anticipation, la résolution de problèmes...
  • pour la direction : enrichir les réflexions stratégiques (notamment en période de changements) d’éléments en lien avec la réalité du travail et le vécu des salariés, développer un management participatif source d’innovation socio-organisationnelle, faciliter l’engagement des salariés.

Agir avec méthode

Pour passer de la théorie à l'action, l'Anact propose de suivre quatre étapes. "Le fait d'ouvrir des espaces de discussion relève d'une décision politique. L'employeur doit être conscient que l'activation d'un espace de discussion constitue, a priori, pour les salariés et leurs managers, une possibilité d'agir sur le travail", prévient l'agence nationale. Il faut donc penser à clarifier le plus tôt possible le périmètre de ce qui est discutable et transformable et définir les finalités visées (développer la concertation ; trouver des solutions aux problèmes, gagner en professionnalisation, etc.)

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L'Anact préconise ensuite de recenser les lieux du dialogue qui existent déjà dans l'entreprise. "Les réunions de services, les groupes projets, les entretiens individuels, les CHSCT sont autant d'espaces et d'opportunités de mettre en débat le travail", est-il rappelé. Au terme de cette analyse, il faudra tirer des enseignements sur : le fonctionnement de ces espaces, les effets produits, leurs articulations, les facteurs facilitant la discussion sur le travail et les freins, les conditions de mise en oeuvre.

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Vient ensuite l'étape de conception du nouvel espace de discussion. "Le fait de parler du travail s'organise. Cela impose la création d'une ingénierie spécifique. En effet, l'Accord national interprofessionnel QVT insiste sur ce point".

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Et l'Anact de proposer, selon le but poursuivi, une grille des éléments spécifiques à l'ingénierie des espaces de discussion  :

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S'agissant enfin de l'étape de la mise en oeuvre concrète des espaces de dialogue, quatre conseils sont prodigués :

  1. Construire un climat de confiance. "La confiance ne se décrète pas, elle se construit dans le temps et naît d'une interrelation au sein du groupe ; Ainsi, certaines entreprises choisissent de mettre en place une charte afin d'encourager un climat de confiance et recueillir l'engagement des participants", illustre l'Anact ;
  2. Impliquer les managers. Il faudra sans doute penser à former cette population à l'animation des échanges et les préserver d'une situation où ils se trouveraient "entre le marteau et l'enclume" (équipes dirigées et direction générale) ;
  3. Expérimenter. "Il s'agit de développer un processus "essais, erreurs, ajustements" qui implique un dispositif d'évaluation "embarquée" (processus d'auto-évaluation en continu", est-il détaillé ;
  4. Communiquer. La direction doit communiquer sur la finalité de ces espaces de façon transparente aussi bien auprès des IRP qu'auprès des salariés.

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Julien François Actuel CE (lire l'article original)