Conception ergonomique des postes de travail

Posté le 10 novembre 2014 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

Concevoir des postes et des outils adaptés aux opérateurs et à leurs activités, voilà une clé importante pour lutter efficacement et durablement contre les accidents du travail et les maladies professionnelles.

L'intégration des principes ergonomiques, le plus en amont possible, dès la conception des situations de travail contribue notamment à réduire significativement les risques liés à l'activité physique. Pour cela, les concepteurs peuvent aujourd'hui s'appuyer sur des logiciels permettant de représenter les futurs opérateurs et de simuler leur activité. Si ces outils ont de nombreux atouts, ils ont également des limites qu'il est important de connaître. Le 18 novembre prochain à Paris, l'INRS organise une journée technique « Concevoir des postes de travail ergonomiques. Apports et limites des mannequins virtuels ». Objectif : informer et sensibiliser concepteurs, ergonomes et préventeurs sur cette problématique.

Dans de nombreux secteurs, les salariés sont soumis à des contraintes physiques importantes : position de travail inconfortable, efforts et gestes répétitifs... Cette charge physique, très souvent conjuguée à des contraintes organisationnelles fortes (raccourcissement des délais, accélération des cadences de production...) peut avoir des répercussions majeures sur la santé. Plus de 3/4 des maladies professionnelles reconnues et la moitié des accidents du travail sont associés à des activités physiques au travail. Les troubles musculosquelettiques (TMS) constituent le principal problème. Ils représentent la très grande majorité des maladies d'origine professionnelle. Ces affections peuvent parfois mettre en péril le maintien dans l'emploi des travailleurs atteints. L'absentéisme, le turnover, les baisses de productivité ou les difficultés de recrutement engendrés représentent des coûts humains et financiers considérables pour les entreprises.

Adapter le travail à l'homme

Certaines mesures permettent heureusement de prévenir les risques. Elles nécessitent généralement d'agir sur l'organisation du travail et sur l'aménagement des postes. Les actions correctives pouvant être lourdes et complexes, il est toujours préférable – et plus économique sur le long terme - d'agir en amont, dès la conception des postes de travail. La prévention des risques professionnels doit ainsi trouver sa juste place lors de chaque projet d'aménagement ou de réaménagement et plus généralement lors de toute modification importante des situations de travail (introduction d'une nouvelle machine ou d'un nouveau procédé de production...). Il s'agit notamment de réduire la gêne, la fatigue et les contraintes physiques et psychiques des travailleurs en intégrant certains principes ergonomiques : tenir compte de la variabilité des opérateurs (morphologie, force, résistance), offrir assez d'espace pour les mouvements, éviter les postures contraignantes (bras en l'air, buste penché en avant, etc.), éviter que le rythme de travail soit déterminé par une machine... Durant les phases de conception, l'objectif prioritaire est d'adapter l'équipement de travail aux futurs opérateurs, et non l'inverse.

Simuler le travail

Lors de la conception, le choix des équipements et la définition des modes opératoires doivent reposer sur une analyse du travail réellement effectué. Il est essentiel de prendre en compte les connaissances et les savoir-faire des personnels concernés (opérateur direct ou indirect, responsable de production...). Les solutions préconisées par le concepteur doivent également être testées et validées avant d'être retenues. En cela, les outils de simulation numérique présentent un intérêt certain. Initialement réservés aux bureaux d'études de grands groupes industriels, ces logiciels se diffusent peu à peu auprès des PME et des consultants en ergonomie. Les mannequins numériques permettent par exemple de mettre en situation des opérateurs virtuels présentant tous les types de morphologie. Ces logiciels intègrent des paramètres ergonomiques, biomécaniques et physiologiques qui permettent d'aborder certains aspects physiques de l'activité professionnelle (champ de vision, zones d'atteintes, postures, efforts, etc.) et ainsi d'anticiper les conséquences des différents choix de conception en termes de risques pour la santé. Ils permettent de simuler « l'activité future probable » des opérateurs, et ce, très en amont dans le processus de conception, avant la réalisation des prototypes et des premières maquettes.

Bien utiliser les mannequins virtuels

Bien que très attrayante, l'utilisation de ces logiciels présente encore des limites. La première tient au fait que les modèles utilisés actuellement demeurent approximatifs. Par exemple, ils ne prennent pas complètement en compte certains paramètres essentiels pour évaluer fidèlement les efforts des opérateurs (maintien prolongé de la posture, accélération ou inertie des mouvements...). Deuxièmement, l'animation d'un mannequin est complexe, fastidieuse et inévitablement subjective. Les concepteurs ont alors naturellement tendance à se limiter à la simulation d'une situation « standard » ne tenant pas compte de la variabilité des opérateurs et des mouvements effectués réellement. Enfin, l'interprétation des résultats de simulation demande une coopération entre les différents acteurs de la conception, de la production et de la prévention. Sans cet indispensable dialogue, les décisions prises peuvent se révéler inadaptées. Cependant, même si les mannequins virtuels restent imparfaits, les simulations numériques contribuent à alimenter la réflexion des concepteurs sur l'activité future des opérateurs. Elles jouent également un rôle prépondérant dans la communication et la coordination entre les différents acteurs de l'entreprise impliqués dans la conception. Ces animations 3D facilitent en effet la compréhension des futures situations de travail, un élément important pour arbitrer les choix de conception de façon équilibrée entre qualité, coût, délais et santé-sécurité.

Journée technique « Concevoir des postes de travail ergonomiques. Apports et limites des mannequins virtuels » 18 novembre 2014, Paris

Organisée par l'INRS en partenariat avec l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (IFSTTAR), cette journée technique sera l'occasion d'échanger autour des mannequins virtuels intégrés dans les outils logiciels de conception (CAO)... La manifestation a également pour objectif de favoriser les retours d'expérience dans le domaine. Elle est principalement destinée aux concepteurs, aux ergonomes et aux spécialistes de la prévention des risques professionnels.

Source : (inrs.fr)

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