Châteaubernard : l'amiante chez Verallia, ce produit qui fait peur

Posté le 20 août 2013 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

chsctLe Cidvat, Collectif interprofessionnel pour la défense des victimes de l’amiante et du travail, aura bientôt un an. Le préjudice d’anxiété est son nouveau combat.
Le Collectif interprofessionnel pour la défense des victimes de l’amiante et du travail (Cidvat) va fêter son année d’existence dans quelques semaines. S’il a élargi son action à tous les secteurs d’activité, il puise ses racines dans le combat des syndicats verriers impliqués dans les volets « amiante » de l’usine Verallia (ex-Saint-Gobain emballage). Le Cidvat est d’ailleurs présidé par Anne-Marie Saivres, veuve d’un ouvrier de l’usine, qui vient de faire condamner Verallia pour « faute inexcusable » après un marathon judiciaire de dix ans.

Créé pour aider les salariés à monter des dossiers, le Cidvat s’attaque depuis peu au « préjudice d’anxiété ». Cette cause concerne 11 salariés de l’usine verrière. Ils sont tous passés en audience de conciliation au Conseil des prud’hommes en juillet. Sans accord au bout. Une audience de jugement aura lieu en mai 2014.

Le dossier est sur le bureau du ministre du Travail, Michel Sapin. Cinquante pages d’un « mémo » de la CGT siégeant au CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) que la députée Marie-Line Reynaud s’est chargée de remettre en haut lieu avec, comme accusé de réception, un courrier du ministre adressé à la députée socialiste et daté du 18 juillet. De la décision du ministre, dépendra l’avenir immédiat d’une cinquantaine de salariés de l’usine castelbernardine, susceptibles de partir en retraite anticipée… si l’usine est classée « site amiante » pour la période 1964-1997 (année de l’interdiction du matériau) et non pas de 1964 à 1975 comme le préconise un avis du conseil d’État. Un avis contraire à la décision de la cour d’appel du tribunal administratif de Bordeaux qui, elle, retenait la période 1964-1997.

« 1975, ça ne correspond à rien. Elle sort d’où cette année ? », interroge Jean-Claude Ouvrard, alors qu’il possède des documents de 1981, attestant de la présence d’amiante. Selon lui, le dossier est désormais « politique ». Jean-Claude Ouvrard, entré à l’usine en 1981, est gagné par l’amertume : « Quand on voit M. Hollande aux côtés de notre PDG en Chine, on ne se fait guère d’illusion. »

Onze dossiers qui pourraient être rejoints par d’autres, explique Jean-Claude Ouvrard, trésorier du Cidvat et lui-même concerné par ce volet « anxiété », générée par l’exposition à l’amiante et cette « épée de Damoclès », qu’est la manifestation de la maladie, comme le cancer du poumon.

Stress, anxiété… Des états qu’il faut démontrer mais que l’avocat du Cidvat a décelés lorsqu’un salarié de l’usine, « prêt à faire une bêtise », s’est présenté à la permanence pour attaquer sur « la faute inexcusable de l’employeur ».

Le Cidvat a sondé les salariés de l’usine. « Onze personnes, dont des gens de la maîtrise, sont venues à la permanence. » Chacune a exprimé, à sa façon, la peur de l’amiante, de la maladie qui peut surgir, de la mort, de la sienne et de celle des collègues.

Pour faire reconnaître son anxiété, il est également nécessaire de recueillir des écrits de son entourage, familial et amical. « Il faut aussi ne pas avoir déclaré de maladie, il faut être sain », détaille Jean-Claude Ouvrard, pointant là une vraie épreuve pour ces salariés, qui savent avoir été exposés à l’amiante. « Dans deux cas, ils sont allés passer le scanner avec la trouille au ventre, avec la peur de découvrir qu’ils sont malades. »

Jean-Claude Ouvrard n’est pas malade. Son épouse et sa fille de 23 ans ont témoigné par écrit de son état de stress. « Dans l’attestation de ma femme, j’ai appris qu’à tous les repas, je parlais de l’amiante, que j’avais les larmes aux yeux. » Il continue : « Je ne pensais pas que j’étais si profondément atteint. » Et d’évoquer ensuite les départs dans « la souffrance » de certains de ses collègues.

Dominique Spinalli, pour la CGT, raconte aussi les collègues de l’usine qui viennent prendre des nouvelles « chaque jour » de l’évolution des décisions de justice (lire ci-dessus) qui, d’appel en appel, formulés par Saint-Gobain, mettent les nerfs à vif. « Le refus de reconnaissance par l’usine, c’est le plus mauvais de tout », conclut finalement Jean-Claude Ouvrard.

Source (sudouest.fr)

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