BTP et gestion des déchets : les plus graves accidents

Posté le 10 février 2014 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

Entre 2005 et 2010, la fréquence des accidents du travail chez les salariés du régime général a baissé, selon les chiffres de la Dares publiés vendredi. Mais il faut aussi voir là l'impact de la crise. Parmi les secteurs qui connaissent le plus d'accidents, on retrouve le BTP, mais également les activités de dépollution ou gestion des déchets, ainsi que le médico-social.

En cinq ans, le taux de fréquence des AT, c'est-à-dire le nombre d'AT avec arrêt rapporté au nombre d'heures rémunérées, a diminué : il est passé de 24,7 en 2005 à 22 en 2010. En 2010, les salariés du régime général ont ainsi connu 657 400 accidents du travail avec arrêt. "Ces évolutions récentes s'inscrivent dans la continuité d'une tendance de long terme à la baisse des AT, tant en nombre qu'en taux", note la Dares (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, au sein du ministère du Travail). Elle a publié vendredi une analyse sur les accidents du travail (AT) entre 2005 et 2010. Malheureusement, il faut voir dans ces résultats l'impact du "ralentissement de l'activité économique" : moins il y a d'emplois, moins il y a d'AT et plus le chômage est important, plus on hésite à signaler un accident, par peur de perdre son emploi. "La forte chute (-10,3 %) du taux de fréquence observée en France entre 2007 et 2009 est donc sans doute en partie liée à la crise économique et financière."

Des accidents graves plus graves

Le nombre d'AT ayant donné lieu à l'attribution, par un médecin de la Cnam-TS, d'un taux d'incapacité partielle permanente (IPP) a suivi cette tendance à la baisse, passant de 7,5 % des AT en 2005 à 6,3 % en 2010. En revanche, les accidents les plus sérieux sont devenus de plus en plus graves : le taux moyen d'IPP est passé de 9,8 % en 2005 à 10,7 % en 2010, avec un nombre d'AT mortels lui aussi en augmentation – 535 décès en 2010 contre 476 en 2005. L'analyse de la Dares rapproche les données sur les AT enregistrées par le régime général (via la Cnam-TS, caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés) et celles traitées par l'Insee via les déclarations annuelles de données sociales (DADS), ce qui permet d'avoir des indicateurs par catégorie socioprofessionnelle et par secteur d'activité de façon détaillée.

Toujours la construction

Le BTP apparaît ainsi clairement dans les secteurs les plus exposés aux accidents les plus graves, avec notamment les activités de forage, les travaux de couverture et de charpente ou le gros œuvre. Ceux qui traitent les déchets (démantèlement d'épaves, récupération de déchets triés, collectes des déchets non dangereux) connaissent aussi des accidents laissant d'importantes séquelles, ainsi que ceux œuvrant dans la manutention portuaire. Le taux d'IPP est également élevé chez les salariés des industries extractives, alors que la fréquence des AT y est légèrement inférieure à la moyenne.

Sous-secteurs à haut risque : 8 % des heures, 20 % des AT

Dans la construction, le risque d'AT a baissé de plus de 13 % entre 2005 et 2010, mais cela reste le secteur qui en enregistre le plus : le taux de fréquence y est presque le double du taux moyen, avec 43,3 AT par million d'heures rémunérées en 2010 (contre 22 en moyenne sur l'ensemble des secteurs). Viennent ensuite les activités autour des déchets et de la dépollution déjà mentionnées, puis l'hébergement médicalisé ou social pour personnes âgées ou adultes handicapés ainsi que l'aide à domicile, les activités de transport et d'entreposage (le fret aérien connaît un taux de fréquence de 127 AT, mais uniquement sur 5,5 millions d'heures rémunérées), et enfin les activités autour du sport et des parcs d'attractions. Tous ces sous-secteurs à haut risque représentent 8 % des heures rémunérées mais 20 % de l'ensemble des AT.

Le risque n'a pas diminué chez les femmes

"Un risque d'AT élevé dans un secteur peut être lié non seulement à un effet sectoriel, mais aussi à une plus forte proportion d'ouvriers, de jeunes, d'hommes", note la Dares. Car ce sont ces trois catégories qui restent les plus touchées. Les femmes ont un taux de fréquence d'AT de 16 par million d'heures ; il est de 26 chez les hommes. Toutefois, le risque n'a pas diminué chez les femmes entre 2005 et 2010, alors qu'il a baissé de plus de 15 % pour les hommes. Les AT sont plus fréquents parmi les jeunes : en 2010, pour un million d'heures rémunérées, les 15-19 ans ont enregistré 44 AT et les 20-29 ans 28, contre 18 parmi les 50-59 ans. Néanmoins, leur sévérité augmente plutôt avec l'âge. Le taux moyen d'incapacité par AT avec IPP est de 9,4 %.

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Source (Par Elodie TOURET, actuEL-HSE)

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