Absentéisme au travail : 5 choses que le CHSCT doit savoir

Posté le 20 juin 2016 | Dernière mise à jour le 4 juin 2020

Absentéisme au travail : 5 choses que le CHSCT doit savoir
 

Le taux d'absentéisme peut inquiéter en premier lieu l'employeur, parce qu'il engendre des problèmes de productivité et de performance de l'entreprise. Mais il doit aussi intéresser les représentants du personnel, et plus particulièrement le CHSCT, car de mauvaises conditions de travail impactent directement le taux d'absences. Voici 5 choses que le CHSCT doit savoir sur l'absentéisme en entreprise.

Sommaire

Toute absence ne relève pas de l'absentéisme

Ne sont prises en compte pour calculer le taux d'absentéisme que les absences qui ne sont pas prévisibles.

Ainsi, l'absence au titre des congés payés ou de la maternité sont prévisibles et ne sont pas considérées comme de l'absentéisme.

Sont en revanches prises en compte au titre de l'absentéisme, les absences consécutives à :

  • la maladie ordinaire ;
  • un accident du travail ;
  • un maladie professionnelle ;
  • un accident de trajet.

L'absence injustifiée (c'est-à-dire lorsque le salarié ne justifie d'aucun certificat médical d'arrêt de travail, et qu'il n'a pas été autorisé par l'employeur à s'absenter) est également prise en compte au titre de l'absentéisme.  Le taux d'absentéisme se calcule de la manière suivante :

Nombre de jours (ou d'heures) d'absence sur une période / Nombre de jours (ou d'heures) théoriques sur cette même période.

Un taux d'absentéisme de 8% doit vous alerter

A partir de quand faut-il s'inquiéter ?

Si l'on peut considérer qu'un taux d'absentéisme de 4% paraît normal, et qu'un taux supérieur ou égal à 8% doit vous amener à déclencher une alerte, il n'est pas possible de faire de généralité en la matière (1).

4% c'est le taux d'absentéisme "normal"

En effet, la mesure de l'absentéisme doit être propre à chaque entreprise et les résultats ne peuvent être interprétés qu'au regard de la situation particulière de l'entreprise et de son activité (par exemple, certains secteurs d'activité comme le bâtiment et les travaux publics ont un taux d'accidents du travail, et donc d'absentéisme, plus élevé que d'autres secteurs dans lesquels les salariés sont moins exposés aux risques professionnels).

Les caractéristiques du travail ont nécessairement un impact sur l'état de santé des salariés

Les causes de l'absentéisme au travail peuvent être nombreuses :

  • conditions matérielles du travail (configurations des locaux, éclairage, contraintes physiques du poste de travail …) ;
  • exigences du travail et contraintes de l'environnement extérieur (accroissement de la charge mentale de stress en raison des différentes exigences du travail : exigence de qualité de service client, accélération des rythmes de travail, contraintes de coût …).

En tant que membre du CHSCT, vous avez un grand rôle à jouer en matière de prévention de l'absentéisme, en travaillant sur ces différents leviers, de concert avec l'employeur. Soyez force de proposition, et mettez en oeuvre vos différents moyens d'action (mener une enquête ou une inspection, mandater un expert, mener des actions de prévention auprès des salariés …).

Mais les conditions de travail ne sont pas le seul vecteur de l'absentéisme. Le degré d'engagement du salarié dans son travail - son degré d'implication - peut aussi être source d'absence au travail. Même si tous les salariés n'ont naturellement pas le même degré d'implication dans leur travail, un désengagement peut aussi résulter de plusieurs facteurs liés au travail : problème de management, manque de reconnaissance professionnelle et salariale et de valorisation du travail effectué …

D'autres facteurs, plus intimement liés à la "vie hors travail" pèsent aussi sur le taux d'absentéisme : problème de santé, de garde d'enfant ou de transport par exemple. Sur ce type de facteur, l'action du CHSCT est limitée.

L'accident du travail représente près d'1/3 des cas d'absentéisme

Il est indispensable de pouvoir "décortiquer" les causes de l'absentéisme dans votre entreprise, pour pouvoir établir un plan d'action. C'est en agissant sur le type d'absentéisme le plus important que vous obtiendrez les meilleurs résultats.

En moyenne, c'est la maladie ordinaire qui est la principale cause des absences au travail (42%), devant l'accident du travail (30%).

Si, par exemple, dans votre entreprise, ce sont les accidents du travail qui sont la principale cause de l'absentéisme, vous ne mènerez pas le même plan d'action que si ce sont les absences injustifiées.

L'absentéisme au travail n'augmente pas, mais il ne baisse pas non plus !

En moyenne, le taux d'absentéisme dans les entreprises françaises est inférieur à 4%. Même s'il existe peu d'enquêtes satisfaisantes permettant de mesurer la courbe du taux d'absentéisme de ces dernières années, une étude de la Dares montre une relative stabilité du taux d'absences entre 2003 et 2011 (2).

Si ce taux n'augmente pas (ce qui est plutôt bon signe), il ne diminue pas non plus !Beaucoup de travail reste donc à faire, surtout auprès des ouvriers (qui sont plus absents que les cadres) et dans le secteur de la santé par exemple, qui connaît un taux d'absentéisme assez élevé, en raison de la difficulté des métiers de la santé. Selon Le Figaro, 22 hôpitaux français enregistrent plus d'un mois d'arrêt maladie par agent (3).

“Imposer des limites aux durées des réunions peut être une solution au présentéisme”

Anact, 26 avril 2016

Notez enfin que si l'absentéisme peut être inquiétant, le présentéisme (présence excessive avec dépassements d'horaires, congés non pris, surinvestissement, présence au travail en mauvaise santé...) - qui concerne surtout les cadres - peut l'être tout autant ! Risque de burn-out, risque d'accident du travail en raison de la perte d'attention du salarié...

Sources :

(1) Guide "10 questions sur l'absentéisme" publié par l'Anact le 26 avril 2016

(2) Dares, "Les absences au travail des salariés pour raisons de santé, un rôle important des conditions de travail", février 2013

(3) Le Figaro, 20 avril 2016

http://www.juritravail.com/ (lire l’article original)