7 conseils pour faire face à un harcèlement au bureau

Posté le 1 juin 2016 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

 

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Quelle attitude adopter face à un gros relou ?

Dire les choses. « C'est primordial, car le gros relou profite des non-dits pour faire passer ses propos pour de l'humour ou de la galanterie », introduit Pierre Blanc Sahnoun. Alors exprimez-vous à grands coups de « je trouve cette réflexion déplacée» et « je ne suis pas intéressé(e) ». « Et ce, même si c'est un manager, un P-DG, ou le président du monde, lâche le coach. Car ces situations sont plus une question de pouvoir que de sexualité. »

Quitte à claquer la porte de la salle de conférence en pleine réunion en cas de propos indécents. Et l'avocate Maude Beckers de préciser : «Malheureusement, le comportement de la victime ne change rien, il n'y a pas d'autre attitude à adopter que se défendre et en parler. »

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Comment réagir en cas de harcèlement sexuel ?

Courriers, mails, arrêts maladie… « La première chose que nous conseillons, c'est de constituer un faisceau d'indices », recommande Maude Beckers. En cas d'harcèlement sexuel au travail, deux options s'offrent en effet aux victimes : attaquer au pénal leur harceleur ou attaquer au conseil de prud'hommes leur entreprise pour ne pas les avoir protégées. L'avocate préconise aussi de se faire accompagner par des spécialistes, comme l'Association européenne contre les violences faites aux femmes (AVFT), composée de juristes experts.

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A qui parler?

« A un maximum de personnes ». Voilà la réponse de Maude Beckers. Votre manager, vos collègues, la médecine du travail, les délégués du personnel, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail… «L'idéal est de le révéler à votre supérieur hiérarchique, car votre employeur est obligé d'enquêter, soutient l'avocate. Mais, surtout, il ne faut pas rester dans l'isolement, car la situation ne s'améliore jamais... »

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Que faire si je suis le chef du harceleur présumé ?

Le délai de prescription en matière de harcèlement sexuel est de 3 ans à compter des faits les plus récents. Dans l'affaire Denis Baupin, les huit témoignages révélés par Mediapart et France Inter ne peuvent ainsi plus faire l'objet d'une plainte.

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A quel moment engager des poursuites ?

Prenez vos responsabilités et faites remonter l'information jusqu'à la direction des ressources humaines. L'employeur, censé déclencher une enquête, devra alors écouter victime et harceleur, les confronter et interroger leurs collègues.

« Il ne faut pas hésiter à suspendre le contrat de travail de la personne accusée – avec maintien du salaire si besoin – pendant toute la durée de l'enquête afin qu'elle se déroule sans pression », insiste l'avocate Maude Beckers. Sans oublier de licencier l'intéressé pour faute grave si ladite enquête révèle sa culpabilité.

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Draguer, c'est harceler ?

Rien de mieux pour répondre à cette question que de revenir à la définition du harcèlement sexuel (loi du 6 août 2012) : « Le harcèlement sexuel est le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. » Y est également assimilé « le fait, même non répété, d'user de toute forme de pression grave, dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l'auteur des faits ou au profit d'un tiers ».

Vous n'avez toujours pas saisi ? « Il n'est pas interdit de draguer ou de séduire, heureusement », rappelle Pierre Blanc Sahnoun. « Mais si l'on insiste, alors que la personne ne le souhaite pas », la limite est franchie, résume l'avocate Maude Beckers. « Car oui, la drague lourde, cela peut être du harcèlement. »

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Et si c'était moi le gros lourdaud ?

Comment savoir si vous dépassez les bornes des limites ? Pour notre coach Pierre Blanc Sahnoun, la réponse est limpide : « Si une femme vous dit stop mais que vous avez quand même envie de continuer à pousser, c'est que vous êtes un relou. » Et l'avocate Maude Beckers d'ajouter : «Faire une blague une ou deux fois, d'accord, mais quand c'est tout le temps, et qu'il y a des arrêts maladie à la clef... » Alors, si vous avez le moindre doute, pensez à vous demander si vous n'êtes pas trop... insistant. Et lisez les 7 règles d'or pour ne pas finir comme Denis Baupin.

7 + 7 chiffres sur le harcèlement sexuel

Pas facile de trouver de la data sur la question du harcèlement sexuel. Si le dernier sondage sur le sujet a été publié en 2014, il faut remonter vingt-cinq ans en arrière pour le précédent. Le dernier en date, mené par l'Ifop, révèle que 20% des femmes actives en ont déjà été victimes.

1) Dans 75% des cas, il s'agit  de gestes ou propos à connotation sexuelle répétés malgré l'absence de consentement ;

2) Dans 61% des cas, les victimes évoluent dans un environnement de travail avec des blagues à caractère sexuel ;

3) Dans 18% des cas, il s'agit de chantage sexuel ;

4) Dans 18% des cas, il s'agit d'envoi de messages à caractère sexuel ou pornographique ;

5) Dans 16% des cas, il s'agit de l'affichage d'images  à caractère sexuel ou pornographique ;

6) Dans 4 cas sur 10, c'est un collègue du même niveau  qui en est à l'origine  (le patron lui-même dans 22% des cas et le supérieur hiérarchique direct dans 18% des cas) ;

7) Dans 30% des cas, la victime était dans une situation d'emploi précaire.

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Charlotte Laurent

@CharlotteLrnt

Journaliste société et économie, dressait déjà des listes de tout et n'importe quoi - de courses, de livres, de séries TV à regarder - mais aussi des to-do à ne plus savoir quoi en faire.

Ses articles

https://www.7x7.press(Lire l’article Original)