Stress: un salarié sur quatre a une peur excessive de l'échec

Posté le 9 février 2012 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

alt27 % des salariés français ont une peur excessive d'échouer, même pour des enjeux modestes, selon l'étude publiée par IME ce 1er février qui fait le lien entre motivation et mal-être au travail. Ils font partie des "hyper investis", selon la typologie dressée par les chercheurs de l'institut qui mettent en garde : l'archi motivé n'est pas le moins fragile !

Bonne nouvelle ! La crise n'aggraverait pas le stress en entreprise, malgré un score encore élevé de 38% en France souligne l'étude de l'IME (Institu de médecine environnementale) réalisée par TNS Sofres, en partenariat avec l'INC. Elle n'affecte pas non plus l'engagement au travail puisque 78% des sondés y trouvent du sens. En revanche, l'hyper-investissement et la dépendance aux bons résultats pèsent très lourd dans la souffrance au travail. " Ce sont les deux premières causes de stress, analyse Jacques Fradin directeur de l'IME, avant le dysfonctionnement de l'organisation ou les problèmes de management ". Analyse et recommandations pour gérer une équipe par les ressorts de la motivation.

Trop ou pas assez motivé ? Les profils des salariés

" L'hyper investi émotionnel ". Boulimique de dossiers, acharné à obtenir un résultat, oublieux des horaires et se privant de tout plaisir, ce profil désigne un individu en danger. " Il dépense une énergie folle, mais en pure perte souligne Céline Canis, responsable de la communication à l'IME. Archi motivé il cache sans le savoir un stress dévorant qu'il risque de payer cher ! ". Car il s'épuise et n'est jamais satisfait. 40% de salariés sont ainsi concernés. Un taux élevé qui a surpris les chercheurs. Les réponses des sondés à des questions clé sont en effet édifiantes : 27% ont excessivement peur d'échouer malgré un intense désir de réussir même si l'enjeu est minime ; 18% se sentent frustrés ou déçus malgré des résultats bons et reconnus ; 16% vivent un traumatisme persistant au moindre échec ; 19% avouent avoir un goût d'amertume récurrent à cause du travail, quelque soit le contexte. En toute logique, il somatise leur stress plus que tous les autres.

Le " sous condition ". Ce profil aime être encouragé et reconnu pour ses résultats. " Il brûle pas mal d'énergie, mais ce n'est pas très rentable. Car en période de crise, la reconnaissance financière est limitée. Et il se lasse des félicitations ", souligne Céline Canis. En outre, il sait se dévaloriser tout seul, faute de signes positifs ou malgré eux. Il reste incapable de faire le tri entre ses efforts et le contexte. Bref, trop dépendant du résultat, du travail bien fait, il va s'effondrer peu à peu. 30% de salariés sont ainsi prompts à la démotivation. Et parmi eux, pas mal d'experts.

Le " passionné ". Un rêve pour tout manager. " Cet individu a une énergie durable et recyclable, son moteur tourne tout seul " poursuit Céline Canis, filant la métaphore du carburant. Sa passion le vaccine contre le stress. Tout lui convient toujours, même dans un environnement difficile. 64% des sondés disent ainsi aimer leur travail, " même s'il est difficile et si les autres le dévalorisent ". Et 48% déclarent aimer leur métier depuis toujours, " sans toujours savoir pourquoi. "

Comment détecter ces personnalités ?

" Regarder le bas du CV ". Lors de la phase de recrutement donne un premier indicateur, la case hobbies que les recruteurs adorent lire ou a contrario dédaignent. " Elle est pourtant capitale insiste Jacques Fradin, directeur de l'IME, car elle indique les ressorts de motivation d'un (futur) collaborateur. Ce qui aide à limiter sa frustration ou sa déception ". Le manager y détectera des leviers pour calmer le jeu de l'hyper-investi ou rebooster le " sous condition ". Quitte à les questionner sur leurs centres d'intérêt. " Que fais-tu pour te détendre ? ", " Qu'est-ce qui te plait profondément ? ", " Comment aimes-tu travailler ? ". S'il repère un l'esprit de compétition, il lui lancera des défis. Si c'est l'esprit d'équipe qui domine, il lui confiera un projet collectif. Et le poussera à s'aérer plutôt que de s'escrimer au travail.

Toujours le moral en berne:

Pour un tiers des sondés, le travail est encore source de bien des maux. Le taux de satisfaction est élevé, mais paradoxalement il est quasi déconnecté pour certains du niveau de stress et de ses effets sur la santé.
. 68% sont satisfaits de leur job.
. 53% s'épanouissent au travail.
. 38% y sont stressés
. 37% dorment mal
. 31% dégradent leur santé
. 35% sont épuisés psychologiquement

" Si le stress est souvent une affaire d'individu, l'entreprise ne peut pas en prendre prétexte pour s'en dédouaner, alerte Jacques Fradin. Elle doit éviter d'en rajouter ". Certes, le rôle du manager n'est pas celui d'un psy, mais il peut apprendre à connaître et déceler les signaux du stress : la fébrilité, l'anxiété d'anticipation quand tout va bien, la déception chronique du " jamais content ! ", face aux résultats. Inutile de doper l'hyperinvesti, cela le tétanisera. Mais c'est fort utile pour le " sous condition ". Et plus le manager est souple et adaptatif, mieux ça marche indique l'étude.

Managers, passez par la case soutien

" Coach, garant de la productivité, écoutant, le manager ne peut pas tout faire. Lui aussi éprouve du stress ", observe Céline Canis à l'IME. D'où deux recommandations majeures des chercheurs à l'entreprise. 1/ former aux RPS (risques psycho-sociaux) des managers relais, véritables référents internes capables ensuite de soutenir leurs pairs et de les aider à moduler leurs pratiques. Leur laisser des heures de liberté dans ce but .2/ Mettre à disposition des managers un consultant externe qu'ils peuvent aller voir sans en référer à la leur hiérarchie. Une " hotline physique " plus efficace que des numéros verts.

1. Etude Estime menée avec TNS/Sofres auprès de 7000 salariés de tout secteur dont 3000 salariés du 13 au 28 octobre 2011 sur un panel de 100 questions. Résultats consultables sur le site www.estime-stress.com.

 

source: lentreprise.lexpress.fr

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