Les effets de la RTT sur les conditions de travail

Posté le 26 septembre 2014 | Dernière mise à jour le 13 mars 2020

Dans un contexte de chômage structurel élevé et de recherche d’une plus grande flexibilité dans les entreprises, la réduction du temps de travail a été au centre du débat social, économique et politique avec la mise en place des lois Aubry en 1998 et en 2000. Quels en ont été les impacts sur les conditions de travail ? Le temps est-il toujours une variable essentielle de la réflexion sur l'organisation et les conditions du travail ? Voici des éléments de réponse.


Le développement de la flexibilité

Si les lois Aubry ont eu, à court terme, un certain succès en termes d’emploi, leur mise en œuvre s’est traduite par plus de flexibilité en favorisant la polyvalence. Celle-ci a eu un corollaire en matière de conditions de travail pour une partie des salariés. Les études mettent en évidence le renforcement des inégalités au travail au sein du salariat, entre catégories socioprofessionnelles, genre et secteurs d’activité. Les disparités entre les hommes et les femmes se sont accentuées face au temps de travail. En 2012, les femmes sont 32,2% à travailler à temps partiel contre 6,9% pour les hommes. Ce sont surtout les cadres et les professions intermédiaires, aussi bien les hommes que les femmes, qui ont une perception positive de l’évolution des conditions de travail depuis la mise en place de la RTT. Par contre, c’est le contraire pour les ouvriers ou les employés quel que soit le sexe. Ils sont généralement soumis à des contraintes horaires fortes et à des contraintes organisationnelles strictes.

L’accroissement de l’intensité du travail

Si la durée du travail a décru, elle s’est accompagnée d’une intensification du travail. La stabilisation de l’intensité de travail observée entre 1998 et 2005 apparaît comme une parenthèse dans une trajectoire entamée à la fin des années 1980. Entre 2005 et 2013, les contraintes sur le rythme de travail se sont accrues chez les salariés. Les durées longues de travail reculent dans le secteur privé : 29% des salariés travaillaient plus de 40 heures la semaine, précédant l’enquête SUMER en 1994, contre 21% en 2003 et 18% en 2010. Les lois sur les 35 heures ont contribué à cette évolution. L’intensification du travail est plus marquée pour les employés de commerce et de services. Elle est également plus forte dans la fonction publique hospitalière (FPH). Le travail en urgence concerne 63,1% des agents de la FPH contre 46,1% des salariés du privé d’après les résultats des enquêtes Conditions de travail 2005 et 2013.

Les conséquences directes de l’accélération du rythme de travail (notamment les cadences) imposée par la demande extérieure, du recul de l’autonomie, de la diminution des marges de manœuvre… sont l’augmentation des troubles musculosquelettiques et le développement des risques psychosociaux.

La conciliation des temps : vers une nouvelle approche

Aujourd’hui, les horaires atypiques concernent une majorité d’actifs ; seuls 37% des salariés ont des horaires "normaux", indique une enquête sur les conditions de travail, publiée le 25 mai 2009 par la Dares. "Près de deux salariés sur trois travaillent selon des horaires que l'on qualifie habituellement "d'atypiques". Ce chiffre, complété par les données sur les évolutions défavorables des conditions de travail et les statistiques des accidents du travail et des maladies professionnelles, semble suffisamment éloquent pour faire l’hypothèse que la problématique du temps de travail a largement dépassé celle de sa seule réduction, au motif essentiel du partage de l’emploi.

Les travaux engagés par l’Anact dans le champ de la conciliation des temps et plus particulièrement sur le thème du compromis temporel sont de nature à élargir le débat et à offrir aux entreprises un nouvel outillage pour les aider dans leurs démarches d’amélioration de leurs organisations. Ils ouvrent de nouvelles perspectives afin de mieux appréhender la question de l’organisation du temps de travail et ainsi améliorer la qualité de vie au travail.

Source : (anact.fr)

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