Le cheval au fond des mines

Posté le 21 avril 2016 | Dernière mise à jour le 8 juin 2020

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Les chevaux ont été des auxiliaires essentiels pour les « gueules noires » au fond des mines, mêlant leur sueur à celle de l’homme, endurant des conditions de vie et de travail particulièrement difficiles.

Le cheval destiné à la mine subissait un dressage spécifique extrêmement rigoureux. Il devait apprendre à travailler parfois à plus de 1200 m de profondeur. Lorsqu’il descendait au fond, c’était souvent pour 10 ou 20 ans… lorsque la descente, qui se faisait au début à l’aide d’un filet ou d’une sangle et d’un câble en acier, ne le faisait pas mourir de peur sur le coup !

Le premier cheval a été descendu dans un puits de mine en 1821, dans la Loire. Si la traction animale appartenait au « vieux monde », dans lamine, elle resta cependant pendant plus d’un siècle le premier atout de la course au rendement, du moins jusqu’en 1969 où le dernier cheval fut remonté de la mine.

La descente du cheval au fond de la mine 

Pendant près de cent ans, avant la construction des ascenseurs vers 1935, les chevaux sont descendus au fond de la mine par un puits, suspendus dans un filet ou accrochés verticalement, par un solide harnais. On leur mettait un large bandeau sur les yeux, leurs quatre membres étaient entravés, vaguement protégés par de la paille. Ils étaient descendus verticalement pour éviter qu’il ne soient asphyxiés.

Certains chevaux ne résistaient pas au stress provoqué par cette descente plus qu’inconfortable et très traumatisante car ils ne savent pas ce qui leur arrive. Compte tenu de la difficulté de ce mode de transport, on n’envisageait même pas de faire remonter les chevaux. Ils finissaient généralement leurs jours au fond de la mine, sans avoir revu le moindre brin d’herbe. Lorsqu’il arrivait qu’un cheval soit remonté, il fallait le réhabituer progressivement à la lumière du jour. 

Le travail du cheval au fond de la mine 

En arrivant dans la mine, le cheval est rebaptisé par les « gueules noires » qui vont être ses compagnons de travail. Un travail particulièrement éprouvant physiquement et riche en stress l’attend. Il devra marcher de longues heures sur les rails, tirant un nombre souvent croissant de wagonnets, dans la poussière, le bruit, les cris et l’agitation… un environnement immensément loin des vertes prairies pour lequel il est génétiquement conçu !

La grande pénibilité du travail au fond de la mine fait sélectionner des chevaux avec une ossature puissante et une masse musculaire importante. La capacité de travail du cheval et sa durée d’exploitation n’en seront que meilleures. On se soucie peu de l’esthétique du cheval, seuls comptent sa force et la résistance de ses pieds. Il doit avoir des sabots capables de résister aux chocs permanents contre les rails, le sol boueux, les rochers qui jalonnent les galeries. Le travail de maréchalerie est d’ailleurs très important au fond des mines.

Les chevaux sont aussi sélectionnés en fonction de leur taille qui dépendra de celle des galeries, des boyaux de la mine où il sera affecté. On emploie ainsi dans certains cas des mules ou des poneys Shetland ou Pottock.

Les mineurs racontent que certains chevaux arrivent très tôt à compter les chariots qu’on leur fait déplacer à l’aide du bruit de chaînes qui accompagne le roulage successif des chariots accrochés. Il serait même arrivé que des chevaux refusent de démarrer si le nombre de chariots était plus important que celui qu’ils avaient l’habitude de tirer.

Les mineurs racontent que certains chevaux arrivent très tôt à compter les chariots qu’on leur fait déplacer à l’aide du bruit de chaînes qui accompagne le roulage successif des chariots accrochés. Il serait même arrivé que des chevaux refusent de démarrer si le nombre de chariots était plus important que celui qu’ils avaient l’habitude de tirer.

Les chevaux sont habitués à être commandés à la voix. Dans les descentes par exemple, le mineur crie « au cul » pour lui demander d’amortir la poussée qui arrive par l’arrière. A l’inverse, lorsque le mineur crie « au collier », le cheval sait qu’il doit tirer plus fort. Lorsque c’est l’heure de la pause, le cheval entend « soupe ». Un ordre qu’il ne confond pas.

Il n’est pas rare que les chevaux deviennent aveugles dans cet environnement privé de lumière. Ils ne sont pas mis au repos pour autant. Habitués à la configuration des galeries où ils se déplacent, au rythme répétitif de leurs mouvements, ils peuvent continuer à travailler de la même façon.

Les conditions de vie du cheval au fond de la mine

Il arrive que de jeunes mineurs malmènent les chevaux pour les pousser à plus de rendement. Certains piquent les flancs des chevaux avec le crochet de leur lampe. Cela pousse parfois l’un d’entre eux à devenir agressif, voire à tenter de mordre les mineurs.

Même quand ce n’est pas le cas, la peau des chevaux est très régulièrement meurtrie par des ecchymoses ou des écorchures du fait des chocs sur les parois dus à l’étroitesse des galeries. Lorsque le cheval s’essouffle vraiment trop, qu’il commence à manquer d’appétit, il n’a pas pour autant gagner de remonter à l’air libre. Il est simplement affecté à un travail moins pénible. Statistiquement, la mortalité des chevaux dans les galeries est aux environs de 30%.

En dehors de son temps de travail, les chevaux sont logés dans des écuries très rudimentaires. Jusqu’à la fin du 19ème siècle, ce n’étaient que des anfractuosités ménagées dans la roche. Un râtelier, une caisse en bois étaient leur seul équipement. Ensuite, les mineurs se sont efforcés de réduire l’humidité de ces écuries en cimentant le sol. Malgré cela, l’humidité reste si présente que le fourrage ne peut être stocké. Il est descendu tous les jours. Les rats pullulent dans ces pseudos écuries.

On connait les conditions de vies endurées par les mineurs. Elles ont été très bien décrites par Zola. Celles des chevaux n’étaient pas meilleures, loin de là !

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